Septembre 1944, la population de Vagney est en souffrance : multiples restrictions, familles séparées ou en deuil, occupation allemande.
c’est dans les airs que paraissent les premiers signes libérateurs, qui se soldent malheureusement par une méprise : quatre avions de chasse aux couleurs de la France piquent au niveau de l’hospice de Zainvillers et se mettent à mitrailler un véhicule, chargé de blé. Le chauffeur du camion est tué.
A partir du 12 septembre, Vagney assiste à la débâcle allemande. Les hommes de Wehrmacht, menacés par l’arrivée des troupes américaines, remontent la vallée et tentent un repli vers l’Allemagne, certains en unités organisées à bord de camions à gazogène, d’autres en débandade, à pied, à bicyclette ou en char à banc. Certains se livrent au pillage de nourriture, d’autres la réquisitionnent mais la paient. Les cavaliers russes, quant à eux, volent du foin pour leurs montures. Malgré leur inquiétude, quelques uns ne s’avouent pas vaincus et pointent leur canon anti-char vers Crémanvillers dans la crainte de l’arrivée des blindés alliés. Tous ces hommes en déroute logent chez l’habitant et appréhendent plus que tout les maquisards qu’ils nomment « partisans ».
Le 16 septembre se tourne une page particulièrement sombre et mal élucidée de l’histoire de notre village : le lieutenant FFI Paul Caritey est assassiné devant la boulangerie Heitzler par des hommes de la Gestapo ou de la milice française, l’incertitude demeure.
S’ensuivront d’autres heures noires : le même jour, le maquis de Noire Goutte est dispersé, le 20, celui de la Piquante Pierre est attaqué, cinquante-quatre résistants sont capturés, torturés et y laissent leur vie. Les rues de Vagney leur rendent désormais hommage : Albert Jacquemin et René Demangeon sont tués au combat, Robert Claudel et Michel Collinet sont fusillés à La Bresse après torture. Plus de vingt fermes sont incendiées à Gerbamont et aux Plateaux.
Le 23 septembre, des blessés allemands sont hébergés à la cure en attendant leur évacuation en ambulance.
Le 25 septembre, les premières rafales d’obus s’abattent sur le village et font deux victimes civiles. Les bâtiments du centre sont endommagés. L’électricité est coupée et ne sera rétablie que le 30 novembre. Désormais, les offices religieux ont lieu à la cave du presbytère. La vie voinraude s’organise elle aussi dans les caves, les bombardements se succèdent. Mercredi 27 septembre, les Allemands font sauter le pont de Nol, sur la Moselotte, pour empêcher la progression des troupes américaines. Une vingtaine d’obus tombent sur le centre de Vagney.
Le 28 septembre, le clocher est touché, les hangars de l’Utile brûlent, ainsi qu’une ferme. Des civils sont blessés.
Le 1er octobre et les jours suivants, les bombardements américains s’intensifient, les vitraux de l’église volent en éclat, Zainvillers est touchée, de nombreuses mais sont pillées par les Allemands. Ces derniers, de plus en plus menacés font sauter le pont sur le Bouchot.
C’est le 7 octobre que les troupes américaines entrent dans le village cinquante mètres en aval du pont détruit sur le Bouchot. Les Allemands contre-attaquent. Le petit clocheton de l’église est endommagé à son tour. En fin de journée, Vagney est libéré. Blessé, meurtri, mais libre ! Mais l’ennemi contre-attaque et c’est au cours de ces opérations que le sou-lieutenant Harris et deux de ses hommes interviendront de façon exemplaire, perdant la vie tout près de la poste.
A 18 heures, les tanks américains passent le Bouchot sur un pont de fortune formé de quelques madriers posés sur les débris de l’ancien. Le lendemain matin, Zainvillers toujours sous le joug allemand est libéré à son tour, mais l’ennemi parvient à faire sauter le pont de fer donnant accès à l’usine Flageollet. Peu à peu, les troupes françaises et marocaines vont relayer les troupes américaines.
Mardi 10 octobre, une rafale d’obus arrache le toit de l’église à plusieurs endroits. L’église est sommairement nettoyées pour permettre les obsèques de plusieurs soldats.
Le 14 octobre, les troupes américaines quittent Vagney.
Du 14 octobre au 6 novembre, les Voinrauds devront encore affronter des bombardements, allemands, cette fois ; mais aussi l’humidité et le froid dans les caves inondées. En effet, il n’arrête pas de pleuvoir et le Bouchot déborde.
Et puis, soudain, le 30 novembre, le village retourne timidement à la vie : le courant est rétabli, on éteint les bougies et les lampes à pétrole. On les éteint, on ne les range pas encore, on ne sait jamais !
Vendredi 1er décembre 1944 : il y a comme un avant goût de fête dans l’air. A 15 heures, l’église retrouve aussi l’électricité et les cloches sonnent à la volée le début du renouveau !
Article rédigé par Danièle PERRIN – Vagney Infos n°3 Novembre 2009Sources :– Vagney, occupation et libération : Michel LAXENAIRE– Mémoires de 1944 : Marguerite LAXENAIRE– Principaux événements de 1944 : Charles GLEY, majordome du curé Varenne– Documents personnels sur Robert Claudel : Christiane LAMBERT DANY et des documents de Pierre PÉTIN
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